Machete is back !
Il est enfin de retour ce sauveur du Mexique et même du monde entier. Non, je ne parle pas de Chuck Norris mais bel et bien de Machete qui doit cette fois-ci aider le président des Etats-Unis à retrouver un missile qui menace Washington. Inutile donc de vous dire que le film « Machete Kills », qui est en fait la suite de « machete » sorti en 2010, est une avalanche de scènes d’action, de péripéties loufoques et de têtes coupées.
Mais ce qu’il faut savoir impérativement avant de regarder et apprécier « machete kills », c’est le fait qu’il est ce genre de film qu’il ne faut surtout pas prendre au premier degré. Ce film est en fait une parodie et même un hommage à tous les films de séries Z, c’est-à-dire les films de très mauvaise qualité. Cela explique alors ses petites allures nanardesques et le fait que le réalisateur Robert Rodriguez n’a pas hésité à remplir son film de faux raccords, d’effets spéciaux grossiers, d’incohérences, de situations totalement grotesques afin de respecter tous les codes du mauvais film. Cela permet en conséquence de provoquer le rire chez le spectateur, alors bien conscient de la supercherie. Car oui, dans « machete kills », il faut avouer que nous rions très souvent, une fois que l’on sait qu’il doit être perçu comme un énorme divertissement. Certaines séquences sont savoureuses et incroyablement délirantes, quelques répliques sont drôlement efficaces et les références inattendues fusent dans cette atmosphère faite d’absurdité et de légèreté. Le scénario à quant à lui n’a ni queue ni tête. Mais là encore, c’est voulu de la part du réalisateur, qui assume pleinement ses choix. Effectivement, l’histoire que l’on nous raconte n’est pas du tout crédible et est loin d’être réaliste. Cela permet d’accentuer le côté délirant du film.
Aussi, deux moments m’ont particulièrement marqué : la scène d’ouverture puis son générique. La scène d’ouverture, tout simplement parce qu’elle est très originale et qu’elle nous plonge directement dans l’ambiance du film. et le générique assez sympathique, qui nous renvoie à cette époque où la pellicule crépitait et sautait, où il y avait de la poussière sur l’écran. Cela s’inscrit d’ailleurs avec le genre de film appelé Grindhouse, déjà largement honoré dans boulevard de la mort, là où nous avons rencontré le personnage de Machete pour la première fois au cinéma.
On sent également qu’il y a eu un réel travail dans la manière de mettre en scène les situations. Faire comprendre aux spectateurs que tous les aspects grotesques du film sont voulus n’est pas chose aisée, mais l’équipe du film a pleinement réussi. On constate d’ailleurs que le réalisateur a encore pleins de gags à nous montrer, la suite du film semble alors inévitable, surtout quand on regarde la scène d’ouverture justement.
Le spectateur remarque aussi que les acteurs ont pris un malin plaisir à jouer, en particulier Antonio Banderas, Mel Gibson, Charlie Seen et bien évidemment Danny Trejo dans le rôle de Machete. Sans oublier l’apparition courte mais néanmoins amusante de la sulfureuse Lady Gaga qui s’en donne à cœur joie. Chaque rôle a sa personnalité, son petit caractère bien trempé ainsi que son lot de gags.
Mais au dela de tout cela, il y des petites choses à redire. Tout d’abord, « machete kills » est un petit peu long et en conséquence assez répétitif. 1h50, ça fait beaucoup pour ce genre de délire. On peut aussi regretter que les petites critiques qui se sont glissées dans le film – comme le problème de la frontière mexicaine, le contrôle des médias et les méthodes de la police – ne soient pas assez exploitées.
Aussi, il faut bien être conscient que le genre d’humour employé dans ce film ne peut vraiment pas plaire à tout le monde. Tout tourne autour de la violence, parfois même un peu trop. En effet, c’est de la violence gratuite et au bout d’1h de film, cela peut vite devenir agaçant.
Quoi qu’il en soit, « machete kills » remplit le rôle premier du cinéma, celui de divertir. Cette comédie d’action est parfaite pour oublier pendant quelques instants les petits soucis du quotidien et passer un bon moment dans une salle obscure. Bref, un film qui ne se prend pas du tout au sérieux. Quoi de mieux franchement, après une dure journée de labeur ?
J’aimerai savoir, pour quelqu’un qui écrit sur le 7eme ART, ce n’est pas un peu exagéré de dire que le rôle premier du cinéma est de divertir?
Surtout pour un cinéaste comme Rodriguez, qui fait un cinéma plus pour les cinéphiles que pour un spectateur lambda.
La question qu’il faut surtout se poser est la suivante : que veux-dire « divertir » dans le cadre du cinéma ? il est très difficile d’y répondre et je ne sais pas si j’en ai trouvé la réponse exacte et définitive. En tout cas, je ne vois surtout pas le mot « divertir » comme quelque chose qui s’apparente aux expressions « c’est rigolo, c’est marrant, le ciné c’est juste un loisir et rien de plus ». Bien au contraire, le cinéma, comme tout art, c’est synonyme d’évasion, de rêve. Et je vois donc le mot « divertir » comme une façon, pour chaque personne qui s’intéresse à cette forme artistique et culturelle, de s’épanouir (de différentes façons), de passer un bon moment, de garder un bon souvenir. Dans ma conception, le divertissement apporte quelque chose au spectateur également, que ce soit un simple rire ou un message fort qu’il a enfin compris grâce à l’œuvre qu’il vient de voir.
Que le film soit très intellectuel, populaire, psychologique, de propagande, commercial, amenant à la réflexion, imprégné d’un message fort (ou pas), dénonciateur ou pas du tout, il faut avant tout du divertissement, cette part d’évasion pour que le spectateur soit d’abord attiré par le film puis captivé par ce qu’il voit, pour qu’il comprenne bien le message du réalisateur et de son équipe (quand il y en a un). Après, cette évasion peut être plus ou moins forte selon les films. Et j’en reviens donc au film de Rodriguez où justement tout tourne autour de l’évasion, principalement. Personnellement, j’ai beaucoup aimé ce film car il m’a fait beaucoup rire, donc l’objectif du divertissement, selon ma conception, est atteint : il m’a transporté dans l’univers magique du cinéma et il m’a apporté un petit quelque chose, très simple mais très efficace (oublier la petite vie de tous les jours, en l’occurrence).
Et de toute façon, depuis le début du cinéma, il y a toujours eu du divertissement (évasion, reve, l’apport, etc) en lui. Un cinéma qui n’est pas divertissant n’est pas du cinéma. c’est pareil une toile, une sculpture, etc.
Pour résumer, divertir = évader. Et dans le cas du film, il nous évade par le rire (d’où mon emploie du mot « divertir » dans ma critique qui peut également signifier l’amusement, la légérété, etc). ce que d’autres cinéastes font par les pleurs, la dénonciation, etc. sur ce , j’espere avoir répondu à votre question. A très bientôt sur Super Bobine.
Je suis tout à fait d’accord avec toi dans ce cas sur la notion de « divertissement ».
Etant une adepte de Rodriguez je pense en effet que c’est un excellent film justement par rapport à ce ridicule assumé et provoqué.
C’est en effet une évasion par le rire.
J’ai pris le terme divertissement pour un mot vulgaire, qu’on associe trop, je trouve, au cinéma.
Merci de ta réponse tout a fait convaincante.
Il n’y a q’un seul Machete.